À présent, ce document est rédigé par un Allemand pour qui la langue Française est restée un champs de mines. Si vous avez des corrections à proposer, merci de me contacter par mail.
La décision pour un isolant et contre tous les autres doit se baser sur plusieurs critères qui je ne veux pas lister ici. Je peux vous présenter ma propre réflexion qui m’a mené à choisir la « chenevotte » (les copeaux des tiges broyés du chanvre).
Premièrement j’avais, à l’époque, renoncé à la construction d’une toute nouvelle maison en paille. Bien que l’isolant naturelle m’attire, le projet m’est apparu finalement trop grand et il était pour moi plus raisonnable de rénover une vielle maison en pierre.
Il est toujours mieux d’isoler de l’extérieur, parce que c’est plus efficace et moins contraignant. Mais l’aspect extérieur des bâtiments anciens est d’importance dans notre région et je n’ai pas eu le courage de faire exception et de transformer la vieille maison de ferme en bungalow moderne. C’est donc de l’intérieur que j’ai prévu l’isolation thermique des parois. Comme il y a une filière locale du chanvre et j’ai pu acheter les big bags de chenevotte directement à la ferme du producteur, j’ai opté pour ce matériaux dont le maniement s’approche de celui de la paille.
La chenevotte grossière, qui est destiné à l’isolation thermique des parois ou pour l’isolation phonique des cloisons et des planchers, peut être versées directement, en vrac, sèche, dans des cavités préparés à ce but. Pour les murs, on construit une ossature qui assure une distance suffisante entre les pierres et la future surface intérieur des murs, normalement fait des lambris ou panneaux en bois.
De cette manière, la chenevotte est la plus efficace. Mais cette technique me pose quelques problèmes. D’abord je crains que ces copeaux sont attractifs pour rongeurs, qui y feront leurs nids. L’état de la chenevotte peut alterner aussi à cause des taux variables d’humidité. C’est leur capacité d’absorption d’humidité qui permet aux isolants naturels de contribuer à un climat sain de l’intérieur de la maison. J’ignore cependant l’effet que l’humidité peut avoir sur la chenevotte à long terme. Il ne serait de toute façon pas facile de vérifier son état, ni de savoir si elle se tasse avec le temps. La formation d’un espace vide en haut du mur serait la conséquence. Cette possibilité est à prendre en considération aussi pour d’autres isolants en vrac, en bande ou en panneau, surtout des matériaux naturels comme la laine de bois ou la laine de chanvre.
J’ai alors préféré de combiner la chenevotte avec la chaux, un matériau que je connais depuis un stage sur les enduits à la chaux. Mon isolant de choix est un « béton de chanvre » allégé, c’est à dire qu’il contient le minimum de chaux, nécessaire pour agglomérer la chenevotte. Une fois séché, le résultat a la consistance d’un éponge sec et est beaucoup plus léger que la paille bottelée.
La chaux est un sujet au même temps jouissant et angoissant. J’ai envie de vous laisser rechercher vous-mêmes, car, tout ce que je peux dire sera contesté et contredit, à l’occasion, par des personnes plus ou moins (non-) avertis.
Parlons de la chaux, alors. Elle est le résultat d’une cuisson du calcaire à haute température. Le produit qui sort des fours est une chaux « vive » qui a besoin d’être « éteinte ». À partir de là, plusieurs qualités de chaux sont produites et vendues :
Pour une isolation de l’intérieur, il est raisonnable et recommandé d’utiliser une chaux aérienne. J’explique pourquoi. Les diverses qualités qui distinguent les différent types de chaux sont :
Ces capacités de la chaux sont liées entre eux et chacune augmente ou diminue en même temps que les autres. Nous pouvons, donc, facilement comparer les diverses chaux et choisir selon nos besoins. L’axe du diagramme suivant indique au même temps les valeurs pour la rapidité de la prise, la dureté et l’étanchéité.
La chaux aérienne est alors située de l’extrémité gauche de cette axe. Elle est la plus lente à sécher et à durcir. Les mortiers, une fois séché sont moins durables que ceux fabriqué à la base d’autres chaux. Ils sont notamment sensibles aux intempéries, ce qui explique que des enduits faits avec la chaux aérienne, s’ils sont exposés à la pluie et au vent, nécessitent des réparations fréquentes.
Il reste, donc, comme dernier critère, l’étanchéité. Et les mortiers, bétons et enduits à la base de la chaux aérienne sont les moins étanches de tous, ce qui les prédestine à l’usage de l’intérieur de la maison, où la respirabilité des murs et de leur revêtement est primordial comme elle assure une atmosphère agréable et saine.
Je vous présente, en gros, comment j’ai réalisé une isolation en chenevotte grossière et chaux aérienne (en pâte). Même si j’ai commencé en suivant les conseils des personnes plus expérimentées, à la fin je diverge des recettes publiés pour arriver à un résultat plus satisfaisant.
Je vous conseille le même : N’hésitez pas à modifier les procédures et les quantités, voir les matériaux, si vous trouvez de mieux ou si ma pratique ne vous convient pas.
Les quantités des ingrédients doivent varier selon le volume de vos récipients et de votre bétonnière. Lisez aussi les annotations qui suivent plus bas.
Si vous avez une bonne terre minérale et voulez tester son aptitude aux usages en maçonnerie, passez la d'abord par un tamis très fin. S'il y a trop de grosses pièrres dans cette terre, sortez les d'abord avec un tamis plus grossier.
Pour mélanger l'enduit, je travaille avec un seau de 10l et un malaxeur dans ma perceuse. Il est possible que je la casse comme ça et il existent des machines plus adaptées. Mais la bétonnière est trop grande pour moi. J’ai du mal à appliquer des grands volumes d’enduits d’un coup et préfère d’interrompre le travail pour recommencer le mélange.
L’enduit que je décris est très facile à appliquer directement sur l’isolation en chaux et chanvre.
Ma terre minérale contient assez d’argile pour être utile en maçonnerie. Mais comme je ne connais pas la votre, adaptez la recette, si le mélange final ne vous plaît pas.
Chaux |
C’est d’abord la « colle » qui détermine la robustesse de l’enduit, mais aussi sa capacité de s’accrocher. Son influence sur la couleur de l’enduit sec est faible. « Éclaircir », en ajoutant plus de chaux, n’est pas facile, voir impossible. |
Terre |
Contribue fortement à la capacité de l’enduit de s’accrocher au support, surtout en présence de la chenevotte. Rend le matériau lisse et facile à appliquer. C’est la substance principale du future enduit.La terre augmente l’inertie de l’enduit et peut donc stocker et émettre de la chaleur. Elle détermine la couleur de l’enduit sec. |
Chenevotte |
Rend l’enduit léger. Peut absorber de l’eau dans un enduit trop humide. Réduit le besoin d’ajouter de la terre. Donne une structure à la surface du futur enduit. |
Au début des travaux d’isolation, j’étais influencé par des publications et des éloges de la terre argileuse qui m’ont fait croire que c’est le matériaux par excellence pour toute la maçonnerie écologique…
J’ai donc commencé à faire mon isolation avec un mélange de chaux, terre et chenevotte. C’est probablement du à la qualité de ma terre, mais le résultat final n’était pas satisfaisant :
Au début je n’étais pas sûr de pouvoir utiliser une bétonnière pendant toute la duré des travaux. J’ai donc essayé une fois de faire mon mélange de chenevotte grossière et de la chaux à la pelle ou avec une truelle dans un bac de maçonnerie… Ben, ça muscle. Mais vous n’aurez jamais comme résultat une mousse léger et agréable comme celle qui se forme avec le temps dans la bétonnière.
Vu les mauvaises expériences avec la terre dans l’isolation,
je l’ai d’abord banni aussi des enduits. Mes premiers essais
d’enduire à la chenevotte fine étaient fait avec un mélange de
chaux, chenevotte et sable. Ben… ça marche d’une sorte, mais ma
conclusion est que cet enduit n’a pas envie de s’accrocher à
quelque soit son support. Il a fallu que j’enduis seulement des
très petites surfaces, puis laisse sécher pendant une nuit.
Autrement, j’était trop souvent obligé de ramasser mon enduit
par terre, où il s’est écoulé (mouillez bien le mur avant de
l’enduire, si vous voulez, mais ça ne changera rien). Pour
avancer, j’ai abandonné le chanvre.
Un enduit en terre et chaux était enfin très facile et rapide à
appliquer. Vu que je n’ai plus eu confiance dans les conseils
des experts, il m’a fallu un peu de temps avant d’oser de
compléter de nouveau cette recette avec la chenevotte fine. Le
passage de la chenevotte grossière dans l’isolation à la
chenevotte fine dans l’enduit ne semble pas important, mais les
conséquences le sont. Il n’y a pas de moisissure, si l’apport
en chaux est suffisant.
Dans ma maison, les enduits montrent, donc, des divers aspects optiques et documentent l’évolution de mes propres connaissances. C’est pas trop mal, en fin du compte …
C’est dangereux pour la peau comme pour les yeux, c’est déconseillé, va probablement complètement anéantir votre chantier et le reste du village, voir la région et le pays (et la planète), fait tourner le lait, vous donne la coiffure de Donald Trump et apporte une malédiction sur vous et votre famille jusqu’à la vingtième génération etc. etc. etc …
Mis à part tout ça, la procédure va vous fournir en une excellente chaux aérienne pour un prix incomparable. On se lance alors …
La chaux vive, que nous allons manipuler, est très basique. Toutes les chaux sont basiques (et non pas acides), mais la chaux vive est encore plus agressive que les autres ! Ne risquez rien, soyez prudent et utilisez un équipement de sécurité qui protège votre peau et vos yeux.
Vous aurez besoin de
Prenez votre temps, maintenant. Avec la pelle à main sortez une quantité de chaux du sac. Ne remplissez pas trop la pelle. Ne versez pas cette chaux d’un coup dans le bac, mais poudrez la plutôt, avec précaution, sur toute la surface d’eau.
La chaux réagit immédiatement en contacte avec l’eau; il est donc mieux d’y intégrer successivement des petites quantités de chaux.
Continuez de poudrer la chaux dans l’eau. Par la suite vous allez remarquer que le contenu du bac commence à pétiller, puis semble carrément bouillir. Même si, effectivement, la température augmente considérablement, ne craignez rien. Prenez plutôt la pelle (à manche), et remuez doucement, sans faire déborder le bac, la chaux qui s’est accumulée au font du récipient. Comme ça, vous assurez que la réaction entre la chaux et l’eau se fait partout de la même intensité et que la chaleur sera distribué d’une manière régulière.
Procédez ainsi pour transférer, pelle par pelle, toute la chaux du sac dans le bac.., ou arrêtez, si vous croyez que le bac chauffe trop (ce qui n’est probablement pas le cas, si vous restez sous la limite de 25kg pour 200 l d’eau, mais votre prudence est bien investie). Vous pouvez, en tout cas, ajouter de l’eau, s’il reste de la place dans le bac, pour refroidir encore une fois le mélange.
Laissez travailler la chaux pour un temps qui vous convient… les chaux en pâte les plus chères à acquérir chez des producteurs professionnels, restent huit ans sous l’eau. Ben… prenez votre temps, j’ai dit.
Non, il n’est pas nécessaire d’attendre tellement longtemps. Mais les recommandations divergent et mon opinion va contredire plain d’autres, ce qui me fait toujours frissonner un peu. Au risque de me ridiculiser, je constate, qu’il suffit d’attendre deux jours avant l’utilisation d’une chaux éteinte en béton de chanvre ou enduit. Attendez une semaine pour être sûr ou pour éviter des discussions. Vous pouvez peut-être préparer deux bacs de la même manière et utiliser d’abord la chaux d’un seul. Avant de commencer la chaux de l’autre bac, vous pouvez ainsi de nouveau éteindre un sac de chaux vive.
Le volume de la chaux va augmenter. Pas au point que la différence justifiera toute seule la procédure, mais assez pour faire deborder le bac s'il a été plein d'eau. Ce qui déborde c'est pourtant de l'eau, comme la chaux a la tendence de se tasser au fond. Prévoyez cette possiblité quand vous choisissez l'emplacement de votre bac.
Ce qu’il faut éviter :
Pour sortir la chaux arienne du bac en évitant trop d’apport en eau dans mes mortiers, j’ai fabriqué un outil à partir d’un coude de tubage : Je plonge le coude dans le bac et l’utilise comme une louche.
Pour évacuer un surplus d’eau, il suffit de basculer l’outil au dessus du bac. La chaux reste de l’intérieur du coude, l’eau s’échappe par l’ouverture en arrière. Rincez l'outil dans l'eau du bac pour évitez que trop de chaux reste collé dans le coude, après utilisation.